Deux semaines après avoir été investi premier ministre du Zimbabwe, Morgan Tsvangirai a perdu Susan sa femme bien-aimée dans un accident avec un camion humanitaire. Nous avions clandestinement passé chez eux trois jours merveilleux, à interviewer l'un et rire avec l'autre.

Nous gardons d'elle le souvenir d'une femme apolitique, bouleversée par la souffrance de son peuple, attentive à tous ceux qui venaient la voir, leur apportant à tous un peu de réconfort spirituel ou matériel. Ils vivaient tous deux en résidence surveillée près de Buhera, dans une hutte traditionnelle toute simple flanquée d'une petite maison de réception. Vous pouvez relire p.222 de notre tome 1, l'interview que nous avait donné Morgan Tsvangirai, ou retrouver la photo de Susan p. notre album photo p.99. Nous sommes effondrés par ce deuil tragique qui paradoxalement inspire une forme de trève à ce monstre de Mugabe, qui en ressort avec un visage humain après s'être aussitôt présenté à l'hopital et lui ayant avec sincérité et émotion présenté ses condoléances. L'hypothèse d'un attentat semble écartée malgré les premières suspicions. A moins que cela soit l'oeuvre de la JOC (Joint Operation Command) sinistre organe regroupant cinq généraux farouchement opposés au gouvernement d'union nationale, et que Mugabe ne contrôle plus. L'homme fort en est Constantine Chiwenga (nourrit-il des espoirs putschistes) Après tout quoi de plus simple à organiser : il n'y avait qu'un itinéraire possible. Un top départ, quelques informateurs sur l'itinéraire - il est passé, il arrive - et le soudoiement du chauffeur de camion "humanitaire". Un petit coup de volant et le tour était joué...

C'est tout le pays qui pleure une grande dame. Et nous qui pleurons une de nos tendres hotesses, qui comme toutes les autres nous avait accueillis à bras ouverts, nous avait préparé un bon plat d'ugali et une chambre proprette. Elle n'était alors que la femme simple d'un simple opposant politique ayant lui même échappé à cinq tentatives de meurtre. Elle est restée simple, aimante et aimée jusqu'à son dernier souffle. Première martyre du pays réunifié. Pourvu que sa fin n'ait pas été vaine...

Rescapé avec une fracture du crâne, Morgan impressionne tout le monde, ses ennemis d'hier au premier chef, par sa tenue, sa force, son courage. Tel qu'en lui-même. Et je crois qu'il n'a pas fini de nous édifier. Il faudrait juste renforcer un peu plus sa sécurité, la visibilité n'est pas une impunité, bien au contraire...

A voir sur BBC :

http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7929371.stm

http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7929791.stm