Il y a quelques temps de cela j'ai reçu ce message singulier : "Je suspend mon activité de menuisier pour un temps, car je prépare un grand voyage. Ayant lu Africa trek avec passion et ayant vu sur votre site que vous retapiez votre maison, je me propose de venir vous aider et vous offrir deux semaines de travail, avez vous une idée de ce que vous pourriez me faire faire..." J'allai voir son site et ses réalisations (www.micekmobilier.com) et lui répondis : " c'est simple ! nous avons besoin de redresser deux parquets défoncés, d'en poser un autre, réaliser des boiseries et des bibliothèque et un escalier, poser une cuisine et des fenêtres en bois..." Il me répondit : " le plus simple c'est que je vienne voir". Il vint et vit l'ampleur de la tâche... Nous prîmes donc date pour lundi dernier et depuis lors Michaël m'initie aux arcanes de la menuiserie, du travail bien fait et l'amour du bois. Nous nous sommes attaqués au vieux parquet défoncé du salon avec pour ambition de le démonter, le redresser et le reposer à l'ancienne.

Point de hongrie sur 7 rangs, avec des solives sous-jacentes piquées et pourries. Et pas de trésor, vieux journal ou autre vestige de l'époque de la première pose, vers 1824. Dommage ! En revanche des nids de souris à foison.

Une fois le parquet déposé nous nous sommes rendus dans une scierie voisine pour acheter des poutres de chêne. Le coup de bambou me direz vous ? Car vous savez vous, combien vous coûte le malheureux petit tasseau que vous aller acheter dans votre bricomarché ! Et bien pas avec Michael, prix pro, bois brut, 25 m linéaire en 10x5 cm pour une pacotille !

D'abord nous avons remblayé les manques de sable avec des graviers du chantier. Puis avons disposé un quadrillage de solives noyées dans des plots de plâtre. Méthode ancienne, en prenant bien soin de les avoir badigeonnées de Xylophène...

Pour que les quelques 220 lames ne se mélangent pas, Mickael a un truc, il scotche la serie en marquant un numéro sur chaque lame sur le ruban adhésif, et passe un coup de cutter dans toutes les rainures, donc toutes les lames se retrouvent numérotées.

Quant à la repose, il faut bien veiller à l'angle et à ne pas dévier.

"Alex fait pas semblant de bosser, ça va se voir que t'es en charentaises !..."

Michael, en bon professionnel, fait travailler ses apprentis en respectant toutes les règles de sécurité ! 200 lames à déclouer, gratter, recoller. "C'est bon Alex j'ai pris la photo, tu peux retourner dans la chaise longue..."

Mais la plus folle histoire concernant Michael c'est la photo de ce meuble qu'il a réalisé en sycomore ondé et que nous avons découvert avec lui sur son site.

En le voyant je me suis mis à crier : Non ! C'est pas possible ! Je connais ce meuble ! J'ai déjà vu ce meuble ! Et Mickael de me répondre : impossible, ce n'est pas une copie et je n'en ai fait qu'un ! à moins que tu connaisses l'acheteur ! Non j'ai déjà vu ce meuble et je t'ai déjà parlé ! et Michael d'halluciner au récit qui suit : il y a trois ans, lors d'un Week-end en Normandie chez notre ami Charles Hervé Gruyer, le navigateur de Fleur de Lampaul, dorénavant reconverti agriculteur bio au Bec Hellouin, nous étions allés voir une foire des métiers du bois dans la prairie du Chateau d'Harcourt, magnifique forteresse du 13e siècle. Il voulait y rencontrer un bucheron qui faisait des démonstrations de débardage de grumes avec son cheval de trait car il venait d'acheter un bois et comptait l'exploiter avec ses chevaux entrainés à tirer ses charrues dans ses sillons. Et là, sous des tentes, parmis des sculpteurs, des tourneurs, et autres vendeurs de chalets en rondins nous étions tombés en arrêt Sonia et moi devant ce petit secrétaire, étonnament moderne et pourtant de facture traditionnelle avec des lignes anciennes. Nous avions fait des compliments à l'ébéniste avec lequel nous avions discuté un peu : je vous le donne en mille, Michael lui même !

Insensé non ? Si je n'étais pas tombé sur cette photo sur son site, nous ne l'aurions jamais su. Nous n'avions pas parlé d'Afrique. Et il nous avait oubliés aussitôt. Et c'en était resté là. Par pur hasard sa mère lui mit dans les pattes notre livre deux ans plus tard. Il vint sur notre site et vous connaissez la suite : il fallait vraiment que nous nous rencontrions ! La deuxième fois fut la bonne. La vie n'est elle pas plus romanesque que la fiction ?