Stop ! ça veut dire départ !
Par Alexandre le jeudi, mai 31 2012, 10:48 - Lien permanent
Je ne résiste pas à la tentation de partager avec vous cette belle lettre qui prouve s'il en était besoin, les petits miracles que créent l'aventure et le simple fait de lâcher prise. C'est quand on se force à ne pas tout prévoir, que l'imprévu et donc la Providence, pourvoient de l'aventure dans nos vies.
"Bonjour, Ce mail va vous paraitre un peu étrange sans doute mais je tenais à vous remercier. Nous ne nous connaissons pas, et pourtant vous me paraissez si proches et si familiers. Un jour, il y a un peu plus d'un an environ et alors que je rejoignais en stop le lot-et-Garonne depuis la Rochelle, un monsieur très sympathique m'a pris, avec deux enfants sur le siège arrière. C'était le père de Sonia avec vos enfants. Ce jour là, c'était la première journée de stop de ma vie, j'étais partie à l'improviste, sans plans, ne résistant plus à l'appel de la route, ne sachant plus respirer, je fuyais l'étouffement au bord des départementales.
Votre père n'allait pas vraiment dans une direction qui m'arrangeait mais sa conversation était si intéressante que cela m'importait peu. Il me parla de vos aventures, et je me promis en notant des références sur mon carnet de me renseigner. Ce soir là, je dormis à la belle étoile dans un pré, l'impression que la vie commençait, que tout était possible. La liberté me grisait pour la première fois en 19 ans. Je n'ai pas lu vos livres, ma bourse ne me le permettant pas. J'ai souri en tombant sur vos noms sur les étalages de la fnac quelques semaines plus tard, je trouvais que c'était marrant comme coïncidence. Je suis partie en Australie vagabonder quelques mois, j'ai rencontré l'homme de ma vie, je l'ai fui chez moi en Amérique du sud parce que tout cela était trop effrayant. Et puis il y a quelques jours, après de longues discussions parfois douloureuses, toujours intenses, avec cet homme, je me retrouve en face de la décision qui peut changer ma vie, comme toutes les décisions, mais celle-là est particulièrement décisive: choisir entre la sécurité d'un emploi tout juste trouvé, ennuyeux mais sûr, ou le non-sens que ça serait de tout quitter avec 1000€ en poche en Asie, le rejoindre et finir ce tour du monde en stop commencé en Australie. Je suis perdue, sachant au fond que l'argent et le confort ne remplaceront jamais le bonheur et l'amour mais terrorisée par ce choix. Il m'écrit au détour d'une phrase "Je veux faire les choses les plus folles avec toi, parce qu'avec toi tout me semble faisable, allons-y, traversons l'Afrique à pied, escaladons l'Himalaya sur les mains, le monde est merveilleux!". Et je souris, parce que je sais que traverser l'Afrique à pied, il n'est pas le premier fou à y penser. Dans le métro parisien, au milieu des crissements des machines, des odeurs d'aisselles et des regards vides, la réflexion me semble plus simple. Alors j'erre pendant plusieurs heures, sans but, changeant de ligne sans but précis, cherchant des réponses dans les entrailles crasseuses de Paris. Et là vient ce qui est pour moi, malgré le caractère ridicule que cela peut avoir, un signe. à Père-Lachaise je prend la ligne 2, pour le plaisir puéril et inexplicable de passer par l'arrêt Ménilmontant, nom magique. Et dans cette rame de métro où je grimpe, un livre sur une banquette usée. Le votre, "africa trek". Ce livre je le connais pour l'avoir feuilleté souvent dans les librairies, m'accordant quelques pages de rêves sur vos pas, sentant le sable crisser à travers le papier, me rappellant que tout est possible. Je ne crois pas en la religion, mais je pense que toute chose arrive pour une bonne raison, tous les hasards ont une signification. Vous avez été mon hasard. Nous n'avons rien en commun mais cependant à trois reprises vous avez croisés ma vie et au final aidé à y voir plus clair. Ce que vous faites de vos vies, le message que vous transmettez, c'est cela que je veux, et pas un travail ennuyeux, un petit confort mesquin, un gâchis. J'ignore encore tout de la suite de ma vie, comment vagabonder sans un sou entre autre, comment gagner de l'argent en voyageant, mais je n'ai plus peur, je trouverais, j'ai 21 ans, et la vie est si merveilleuse . Et la dernière pichenette qui me manquait pour effacer cette trouille paralysante, c'est votre bouquin apparu sur un siège de métro qui me l'a donné. Du fond du cœur, merci. Mes plus chères pensées à vous et à vos charmants enfants, ainsi qu'à votre père pour un bout de route entre Avignon et Périgueux (ou quelque part par là...)".
M.L.
Imaginez notre bonheur à recevoir ce genre de lettres ! Et pour paraphraser le père Ceyrac qui s'est éteint hier à l'âge vénérable de 98 ans après avoir changé, une vie durant la face du monde qui l'entourait : "Tout ce qui n'est pas donné est perdu !"
si vous voulez en savoir plus : père Ceyrac
Commentaires
Merveilleux!
Bravo "ML"! Vas-y, fonce!
Merci pour la phrase du Père Ceyrac, si vraie!
Un conseil de lecture sur le Père Ceyrac:
-"Mes racines sont dans le ciel"( Pierre Ceyrac)
-"Tout ce qui n'est pas donné est perdu!"( Pierre Ceyrac, Paul de Sinety)
-"Une vie pour les autres, l'aventure du Père Ceyrac" ( Jérôme Cordelier)
Je suis émue à la lecture de cette lettre, sûrement car je m'y retrouve un peu. Combien de fois j'ai rêvé d'une vie de voyages et d'aventure autour du monde, et combien de fois on m'a dit de redescendre sur terre... et pourtant j'ai toujours ça au fond de moi, et je sais qu'un jour je leur dirai, à ceux qui n'y croyait pas, "vous voyez que c'était possible !" Qu'il suffisait d'oser sa vie... Et je repense à ce que m'a dit Sonia le 31 décembre, en reprenant les mots de Jean-Paul II, "N'ayez pas peur". Croire en soi et ses projets ! Alors M.L., si tu passes par ici, je te souhaite tout le meilleur !
J'ai eu des frissons à la lecture de cette aventure. C'est vraiment très beau. Et cela va peut être m'aider à avancer encore un peu dans le lacher prise. ALors que pour moi c'est quasi impossible. Toute une éducation à porter...Merci M.L et merci chers Alex et Sonia ....
Oui, c'est une lettre émouvante ... qui me montre que je n'ai jamais su oser faire un tel pas!
Amitiés à vous Sonia et Alexandre.
bonjour à vous tous,
après quelques temps d'absence je reviens voir le site...qui m’émeus toujours autant !..En fait j'étais à la recherche de tatouage tribal pour notre spectacle de chorale (nous chantons le roi lion, une synchronicité que je ne pouvais pas manquer ..)et j'ai lu les nouveautés du blog...J’espère que vous allez bien, que vos petits poussins poussent bien et que votre projet avance malgré tout...
Je vous embrasse et à tout bientôt,
CLaudia
Merci pour l'info
Bonjour,
Si je peux me permettre de donner un tout petit conseil qui peut aider ML, si par un autre hasard heureux, elle peut écouter Allo la planète d'Eric Lange sur le Mouv entre 20h30 et 22h, elle trouvera une aide pour entreprendre ce ou un autre voyage. Quant on a un doute, cette émission est vraiment porteuse d'espoir et d'énergie pour entreprendre ce qui paraît impossible à beaucoup, partir...
Genial,
ce sont des signes extraordinaires
il faut aller de l'avant!!
Marche avant comme disent les Poussin
Merci pour cette lettre magnifique
Ecoutons les signes de notre vie !!
Bonjour à toute la famille Poussin
Rien à ajouter...
Les rencontres, rien de plus magique !!
Bonjour à tous!
J'ai beaucoup d'estime pour nos voyageurs et ce qu'ils ont fait. Le vaste monde me fait rêver comme tous les lecteurs de ce blog. Pourtant une question me taraude depuis un moment. Est-ce qu'oser sa vie signifie forcément arpenter le monde sac au dos? Oui, il y a certainement du mérite à tout lâcher pour partir. Mais est-ce vraiment la place de chacun de nous? Qu'est-ce qu'oser sa vie?
Que voilà un commentaire intéressant!!! A dévelloper, please.
Merci d'avance.
Pour répondre à votre interrogation, voici un premier élément de réponse écrit par Alexandre il me semble.
«Ose ta vie !»
« Vous voulez être heureux ? disait Tolstoï ? Et bien soyez-le… »
Le bonheur ne serait donc qu’affaire de volonté ? Nous croyons qu’il se demande et qu'il se mérite car il est affaire de choix, de choix de vie. Et pour faire des choix, il faut oser. Oser vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie. Oser devenir soi-même plutôt que de jouer un rôle dicté par nos entourages affectifs et professionnels. Oser s’engager, oser la rupture, oser la différence, oser le regard des autres, oser la solitude, le changement d’orientation, le changement de rythme, oser un projet.
Afin de saisir sa vie à bras le corps. D’abord apprendre à se connaître soi-même afin de répondre à ses aspirations les plus profondes. Beaucoup d’entre-nous, sommes pétrifiés par des impératifs contradictoires, tiraillés entre l’être et le devenir, l’être et l’avoir, l’être et le paraître. La marche aide à « être » tout simplement. Mais cela commence par un premier pas. Car il faut apprendre à oser. Poser un acte contre nature. Devenir co-créateur de son existence. Afin de pouvoir se dire un jour : « Je suis à ma place ; je n’y suis pas par hasard, et ce que je fais est juste. »
Merci Vianney!
Ma question était plutôt : faut-il obligatoirement partir pour oser sa vie?
On a l'impression en lisant A. Poussin et d'autres voyageurs que c'est la vraie liberté. Et c'est vrai, d'un côté, que la vie nomade permet une liberté plus grande vis à vis des contraintes sociales et matérielles.
Mais de là à dire que c'est la seule voie pour être libre et heureux et que nous devons tous la prendre..!
Oser sa vie, n'est-ce pas d'abord et avant tout une liberté intérieure et un dynamisme intérieur : être en marche de tout son être?
Ceci dit, ne vous y trompez pas, j'adore la marche à pied :-)
chère palomnik, en fait il n'y a qu'un départ dans la vie, c'est quand on quitte ses parents. Quoi qu'on fasse. Il y a sans doute même plus de mérite dans la sédentarité et le renouvellement des jours au même endroit à déroutiniser la routine, à renouveler le quotidien en portant sur lui un regard ressourcé en permanence. En voyage c'est plus facile (à condition que le voyage ne soit ni un errance ni une fuite) Donc non, bien sur, le voyage n'est pas une absolue nécessité, mais pour cette jeune fille, à ce moment de sa vie, oui, c'est le moyen qu'elle a trouvé pour répondre à cette injonction de Krishnamurti : "libérez-vous du connu !"
En livrant son témoignage je ne veux absolument pas me faire l'apologue du départ sur le mode "into the wild", car je me suis toujours donné le soin de donner du sens et du corps à mes voyages. Mais parfois le départ peut être une bouée de survie quand on se noie. Pour chacun il répond à des aspirations différentes. Il n'est pas forcément nécessaire. On peut aussi, comme Joseph de Maistre, faire le tour du monde en restant dans sa chambre.
Superbe ! Je me souviens de comment le hasard m'a mis sur vos pas, comment j'ai découvert, dévoré votre livre qui détenait les réponses que je cherchais désespérément.
Aujourd'hui que ma vie a un sens et que je suis enfin sur le bon chemin, je repense à tous ces moments partagés...Et au papa de Sonia qui l'été dernier m'a dit: "Vous avez le temps? Je vous fais faire le tour de Paris en voiture!" Et quel tour ! Il m'a montré les endroits qu'il aimait, il m'a raconté ses souvenirs...
Pour moi, depuis 2004, il y a un avant et un après Africa Trek. C'est évident.
Merci Alexandre pour cette réponse! Je fais partie de ceux dont la place est à la maison, mais je me nourris beaucoup des récits de voyageurs qui donnent du sens à leurs voyages. Vous qui sur la route êtes toujours en alerte, vous nous aidez à rester éveillés sur notre route de sédentaires. Parfois c'est dur d'accepter de ne pas pouvoir partir. Mais il faut se souvenir que partir est un luxe d'occidental. (D'ailleurs, en passant, si on veut partir avec vous réfléchir à Oser sa vie, il faut pouvoir payer plus de 1500 euros!) Je ne porte pas de jugement et ne renie pas la société occidentale à laquelle j'appartiens. Sans doute les voyageurs occidentaux, qui peuvent paraître insouciants aux autres populations du monde, ont-ils un rôle à jouer, en leur apportant une forme de gratuité : gratuité de la marche, gratuité du temps, des rencontres...? Je côtoie beaucoup d'Européens de l'Est pour lesquels cette idée de partir est totalement incongrue et du coup ça me fait réfléchir... pardon, je réfléchis tout haut sur ce blog! Que chacun réagisse, s'interroge, nomade ou sédentaire! Sachant que nous sommes tous solidaires, pèlerins sur la terre...
Pour Palomnick et les autres...
Lire Africa Trek ne m'a pas donné envie de faire comme eux, mais m'a poussée à chercher et trouver ma voie, mon propre cheminement dans la vie.
Je ne suis pas une grande baroudeuse, mais je suis une aventurière à ma façon. Alex et Sonia peuvent en témoigner.
Par contre, ce livre m'a réconciliée avec l'Homme et la grande bonté dont il est doté à sa naissance. Je crois profondément en cela même si l'on parle toujours plus de ceux qui choisissent le mal et la violence.
Tellement d'amour dans les pas de nos petits Poussin, ils ont tant reçu de ceux qui n'avaient rien que c'est une grande leçon.
Si tu ouvres ton coeur, si tu donnes, tu reçois. C'est mathématique à condition de le faire sincèrement. ça marche, je vous le garantis.
J'ai vécu tellement de folles aventures depuis la lecture de ce livre !
et ce n'est pas fini chère Agnès, cela semble toujours commencer n'est-ce pas ? désolé de t'avoir raté l'autre jour, je consacrais du quality time à mon filleul que je ne vois pas assez souvent. Bises. alex
Non, ça n'est pas fini, au contraire! A 37 ans, ma vie commence. Avant cela, j'ai semé des petits cailloux en ne lâchant jamais mes rêves. J'ai encore de la route à faire, mais c'est bien ce voyage qui est intéressant.
Alex, je me suis fait une raison, je n'arrive jamais à vous voir tous les 4 d'un coup ! Philaé a adoré mes cheveux, j'ai adoré son look d'enfant sauvage. J'ai pu aussi admirer l'avancée des travaux et non, je n'ai pas passé la tondeuse cette fois !
Bisous, à bientôt !